Louis Alfred Firino ou Ferino, un collatéral communard à l’insu de son plein grès.


Louis Alfred Firino est le fils de Jean-Antoine un poêlier-fumiste et de la seconde femme de celui-ci Thérèse Menessier.

Enfance et famille

Avec ses frères et sœurs ils sont tous nés hors-mariage entre 1823 et 1830. Jean-Antoine épousa Thèrèse seulement en 1847 soit 6 ans après le décès de sa première femme Anne Catherine Pecry. Est-ce que son père avait une double vie ? En tout cas la situation devait être particulière.

Louis Alfred fait son service militaire dans le 71 è régiment d’infanterie de ligne entre le 8 mai 1845 et le 10 octobre 1850. Il quittera l’armée en tant que sous-officier. Lorsqu’il intègre son régiment celui-ci est en garnison sur Paris. Il part ensuite dans l’Ouest vers la Bretagne. C’est là qu’il rencontre Sophie Leroy celle qui deviendra sa première épouse. Après avoir quitté l’armée il s’installe à Dinan ville de son épouse. Il devient chapelier, métier de la famille de son épouse.

Après le décès de celle-ci il retourne s’installer à Paris en 1855 ou 1856. Il n’est pas seul il a avec lui son unique fils encore en vie Alfred Cyprien. Il épouse en secondes noces Marie-Elisa Caron, il profite du mariage pour reconnaitre le fils de celle-ci, Louis-Octave, né quand il était encore en bretagne. Quelques années plus tard la famille s’agrandira mais les enfants ne survivront que quelques jours. (J’ai déjà parlé de la famille ici).

Pendant 15 ans la famille fait sa vie à Paris. Ils étaient installés pas loin de Notre-Dame au 15 rue de la Bûcherie quand la guerre de 1870 éclate.

Localisation de la rue de la Bûcherie en 1870 – Source Oldmapsonline.org

La Commune et les conséquences de celle-ci

Je ne sais à quelle date il intègre le 118è bataillon au 39è régiment des mobilisés de la garde nationale de la Seine, mais il est élu capitaine de son bataillon le 13 novembre 1870.

Résultat des élections du 118è bataillon, 1ère compagnie de marche de la Garde nationale de Paris le 13 novembre 1870.

Pour comprendre le contexte je vous conseille le billet de Jenny qui l’explique très bien, à lire ici.

Son bataillon est positionné au Panthéon. Le 18 mars 1871, les Parisiens se rebellent contre le gouvernement. C’est le début de la Commune qui durera 72 jours. Ce même jour le 118è bataillon s’est rendu maitre de la mairie du Vè arrondissement. Louis Alfred ouvre les portes de la mairie au frère de Jean Allemane. Pendant la Commune, Jean Allemane est l’un des militants les plus actifs du Ve arrondissement. Le 17 mai Louis Alfred et les autres officiers qui devaient garder une tannerie ne sont pas à leur poste. Le 21 mai, lorsque parvient la nouvelle de l’entrée des Versaillais dans Paris, Allemane se porte à la tête des troupes du Ve à leur rencontre jusque dans les VIIe et XIVe arrondissements. Mais il faut bientôt défendre le Ve qui s’est couvert de barricades. A l’angle du boulevard St-Germain et de la rue Domat une compagnie du 118è fait face aux Versaillais. Celle-ci devait être commandée par Louis Alfred mais comme il semble avoir disparu depuis quelques heures c’est le frère de Jean Allemane qui est à la tête de celle-ci.

Quand a-t-il quitté Paris ? Comment a-t-il rejoint Londres ? C’est un mystère.

En septembre 1873, il est condamné par contumace (c’est-à-dire qu’il n’est pas présent car il a refusé de comparaitre devant le tribunal) à la déportation simple pour insurrection. Mais il est déjà exilé à Londres. Il n’est pas le seul. Des milliers de communards ont traversé la Manche pour fuir la répression et trouver refuge quelque part en Grande-Bretagne.  À Londres, ils habitent dans un lieu central qui s’appelle Fitzrovia, avec au sud Oxford Street, au nord Euston Road, à l’ouest Great Portland Street, et à l‘est Tottenham Court Road. C’est exactement dans ce coin de Londres à Bloomsbury qu’il s’est installé.

Quartier Bloomsbury à Londres en 1877 – Source Oldmapsonline.org
Adresse de Louis Alfred indiquée lors de mariage de son fils Alfred Cyprien en 1875

Je ne sais si sa femme est avec lui ni de quoi il peut bien vivre. S’est-il installé comme chapelier là-bas également ? J’aimerais vraiment en savoir plus sur la vie qu’il a pu mener là-bas durant les quelques années où il y a vécu.

Il envoie une demande de grâce le 30 juin 1876 au Président Mac Mahon. Dans cette lettre il écrit

« Emporté par le tourbillon des évènements qui suivirent la guerre j’ai servi la Commune mais je puis vous affirmer que j’ai servi en soldat et non en assassin ni en incendiaire ».

Extrait de la lettre envoyée au Président Mac Mahon pour demander sa grâce

Je n’ai pas vu de réponse dans son dossier mais sa fiche Maitron indique qu’il aurait été gracié en 1879. Hélas trop tard pour lui qui décède dans le premier trimestre 1879 à Londres.

Décès de Louis Alfred à Londres sur Ancestry

Ses deux fils restèrent en France, je ne sais si il les a revus. Si dès fois Marie-Elisa l’avait suivi à Londres elle est rentrée en France car elle y était présente au mariage de son fils Louis Octave en 1890 et y est décédée en 1908.

Dans les actes d’état-civil c’est majoritairement FIRINO. FERINO apparait au moment de la Commune dans certains dossiers ou livre parlant de Louis Alfred.

Sources

 Remerciements

Un grand merci à celles et ceux qui m’ont aidé dans mes recherches parisiennes que je ne maitrise pas vraiment. Que ce soit en allant me chercher des actes ou en me conseillant : Nadège, Sylvaine, Sophie, Jenny.

 

 

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