Un parricide dans la famille

Vincent Halary est un petit frère de Pierre Halary mon sosa 76. Pierre donnera d’ailleurs son prénom à son seul fils.

Vincent est né en 1813, il est le cinquième et dernier enfant de Léonard Halary et Léonarde Lemerle. Il deviendra maçon. A 25 ans, il épouse en 1840 Marie Brunetaud une cultivatrice de 21 ans. Ils s’installent au village de Champégaud sur la commune de Saint-Goussaud d’où ils sont originaires. Vincent deviendra cultivateur. L’année suivante ils accueillent le premier enfant Léonard. Ils attendront 19 ans avant d’agrandir la famille et d’accueillir leur second et dernier enfant, une petite fille prénommée Anne-Marie.

Recensement de Saint-Goussaud en 1866

Ca part en vrille

La vie semble s’écouler normalement. Léonard fait partie des maçons creusois qui migrent à chaque printemps pour aller travailler. Son père était tellement fier de lui qu’il réussit avec ses quelques ressources à le faire exonérer du service militaire. Léonard était de ceux qui montaient à la capitale. Hélas, il fut vite attiré par les cabarets et tomba dans la boisson. Il s’attira des ennuis de chantier en chantier, de ville en ville. De Paris, il passa par Reims puis Charleville. En 1873, il est même condamné par le tribunal de Charleville à quinze jours de prison pour abus de confiance.

En janvier de l’année 1874, il retourne chez lui à Champégaud. Il travaille pour des cultivateurs du village de Roche. Mais sa conduite laissait tout de même à désirer.

Le testament de Marie

Ce même mois, sa mère établie un testament laissant à Vincent 1/6 e et à Marie-Anne 1/3 de tous ses biens meubles et immeubles. Ce testament contraria énormément Léonard, à tel point qu’il menaça son père de le tuer. Ses parents prirent peur et Marie fini par annuler son testament. Etait-elle malade, en tout cas elle décèdera l’année suivante le 8 avril 1875 à l’âge de 57 ans. Le 13 mai suivant, Léonard et son père trouvent un accord sur la succession. Léonard abandonne ses droits mobiliers pour 400 francs et 200 francs sur sa part du bail annuel. Léonard eu tôt fait de dépenser ses 600 francs et harcelait son père pour que celui-ci lui verse des avances. Ce que ce dernier refusait de faire. Léonard décida alors d’intimider son père. Il arrivait chez lui la nuit, soit pénétrant dans la maison et saccageant tout, soit en restant dehors mais en tirant des coups de fusils en l’air. A plusieurs reprises, il vola des animaux appartenant à son père pour aller les revendre. Cela arriva à un tel point qu’à plusieurs reprises, Vincent dû faire appel au maire de Saint-Goussaud et aux gendarmes de Chatelus-le-Marcheix.

Le jour fatidique

Le 11 octobre 1875 avait lieu la foire à Bénévent. Léonard y passa beaucoup de temps mais surtout dans les cabarets. Il finit par croiser son père qui rentrait chez lui. Quelques temps plus tard il quitta Bénévent en indiquant qu’il rentrait directement aux Roches. Mais contrairement à ses dires il se dirigea vers Champégaud chez son père. Celui-ci était couché, mais il était seul car Marie-Anne était chez des voisins. Léonard réveilla son père et l’altercation commença. Quelques instants plus tard Vincent sorti titubant de chez lui pour rejoindre sa fille chez les voisins. Il leur dit « Ce brigand m’a tué ». Soutenu par sa fille et les témoins présents il fut reconduit et couché chez lui. Malgré l’intervention d’un médecin, Vincent décéda après plusieurs heures de souffrances. L’autopsie montra que les coups portés avaient perforé l’intestin grêle.

Le procès

Lors de son procès en janvier 1876, Léonard affirme que ses menaces n’étaient pas sérieuses. Il dit que c’est son père qui l’a attaqué ce fameux soir. Il donne deux versions soit Vincent s’est tapé seul avec un bâton, soit il s’est cogné seul au coin d’une table. Le jury tient compte de son repentir et lui trouve quand même des circonstances atténuantes et il n’est condamné qu’à cinq ans de prison.

Et après

Marie-Anne, la sœur de Léonard s’est donc retrouvée orpheline de père et de mère à 15 ans. Elle deviendra domestique, tout d’abord dans la famille maternelle à Champégaud puis dans une autre famille à  Reix quelques années plus tard. Le 16 février 1882, elle épouse à  Saint-Dizier Leyrenne Jean-Baptiste Benoit un cultivateur de 27 ans, elle en a alors 22. Ils n’auront jamais d’enfants et Marie-Anne décédera à 28 ans le 3 juillet 1888.

Recensement de Saint-Dizier Leyrenne de 1886

Léonard quant à lui sortira de prison. Je perds sa trace quelques années. Il se suicide le 27 aout 1895 dans la commune de Vallière où il s’était installé. Il était célibataire.

Article paru dans le journal Gironde en aout 1895




Sources

Articles de journaux
  • Le bien public, 17 janvier 1876
  • La petite gironde, 17 janvier 1876
  • La gironde, aout 1895

Etat-civil

  • Etat-Civil Saint-Goussaud
    • Acte de naissance de Vincent Halary
    • Acte de naissance de Marie Brunetaud
    • Acte de mariage de Vincent Halary et Marie Brunetaud
    • Acte de naissance de Léonard Halary
    • Acte de naissance de Marie-Anne Halary

  • Etat-Civil Saint-Dizier Leyrenne
    • Acte de mariage de Marie-Anne Halary et Jean-Baptiste Benoit
    • Acte de décès de Marie-Anne Halary
  • Etat-Civil Vallière
    • Acte de décès de Léonard Halary
Recensement
  • Recensement de Saint Goussaud 1866
  • Recensement de Saint Goussaud 1872
  • Recensement de Saint Goussaud 1876
  • Recensement d’Arrènes 1881
  • Recensement de Saint Dizier Leyrenne 1886




Recherches complémentaires à effectuer

  • Le contrat de mariage de Marie-Anne Halary et Jean-Baptiste Benoit
  • Le jugement par le tribunal de Charleville de Léonard Halary
  • Le jugement par le cour d’assise de la Creuse de Léonard Halary

3 commentaires sur “Un parricide dans la famille

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