Victor était le petit frère de mon arrière-grand-père Ambroise, Louis. Il est né le 20 octobre 1889 à Chateaugiron.
Enterré vivant lors de la première guerre mondiale.
Lors de son service militaire il est domestique.
Affecté au régiment d’infanterie de Granville, il est rappelé au corps le 2 aout 1914, il y arrive le 4.
Il est évacué le 11 septembre 1915 pour « troubles mentaux forme mélancolique ». Il ne retournera jamais au front et passe d’hôpital en hôpital.
Mon grand-père m’a parlé de cet oncle enterré vivant lors de la première guerre mondiale. Il ne se remettra jamais de ce traumatisme. Son degré d’instruction avant la guerre était de 3. C’est-à-dire il avait une instruction primaire.
Dès 1916 il est interné. Chaque commission de réforme le reconnait inapte et lui donne une pension à 100%. « Démence précoce, malade depuis 1915, a été réformé en 1916. Doit être maintenu comme aliéné » Commission du 13 novembre 1922.
La commission de Rennes du 10 octobre 1924 le déclare également intransportable. « Démence précoce, indifférence totale. Inertie intellectuelle. Stéréotypie multiple. Etat stationnaire ». La commission du 6 aout 1926 indique « Démence précoce, déchéance intellectuelle considérable,interné depuis 1916 ».
Victime civile lors de la seconde guerre mondiale.
Je perds ensuite sa trace pendant près de 20 ans.
J’ai découvert qu’il est décédé dans les bombardements de Rennes du 1 er aout 1944. Il était toujours en hôpital psychiatrique.

Je trouve son destin terrible. Il n’est pas décédé dans le premier bombardement qui l’a enterré vivant en 1915. Cependant, celui-ci ayant eu pour conséquence de lui faire perdre la raison, il se retrouve interné dans un asile psychiatrique. Asile détruit par un bombardement en aout 1944. Il ne ressortira pas vivant de ces décombres. Mais quelque part il était déjà mort sur le champ de bataille en tout cas intellectuellement.


( © Romain de Mes ancêtres et moi)

Quelle tristesse !
Qualifier de « mélancolie » une vie détruite par la guerre, quel euphémisme ! Pauvre homme. Et heureusement que la mémoire familiale a expliqué les causes de cette « mélancolie » puisque sa FM reste muette à ce sujet ! Sa disparition lors du bombardement de 44 peut paraître tragique, mais c’est bien la 1eGM qui a tué cet homme…
Ces médecins utilisaient le terme « mélancolie » au sens de la psychiatrie, non pas au sens du vocabulaire courant.
Bien triste destin…
Wow, quel concours de circonstances incroyable, c’est vraiment affreux 😢