J’ai traversé les décennies pour rencontrer Marie-Joséphine Massioux mon arrière-arrière-arrière-grand-mère. Mais, il y a eu comme un couac et la Marie-Joséphine que j’ai rencontré n’était pas la bonne.
Lorsque je frappe à la porte c’est une femme d’âge mur qui m’ouvre, elle est plus jeune que je ne le pensais cependant.
– Bonjour, je cherche Marie-Joséphine Massioux
– Bonjour, jeune fille. C’est bien moi, que me voulez-vous ?
– Je me présente, Céline. Je suis votre arrière-arrière-arrière-petite-fille. Je descends de votre fils Alexandre.
– Alexandre ? Mais je n’ai pas de fils qui se prénomme Alexandre. Vous vous êtes trompée ma petite.
– Mais votre mère est bien Constance Massioux ?
– Tu veux parler de la femme qui m’a mise au monde peut-être ? Je n’ai pas eu de mère. Tu sais, je suis une fille naturelle non reconnue, abandonnée et déposée par ma mère à l’ hospice civil de Laon où j’ai été élevée.
– Oh ma pauvre. Mais je ne comprends pas pourtant je sais que vous vous êtes mariée avec Aimé Juste.
– Ce n’est pas moi dont tu parles, mais de ma sœur aînée. Avec ma sœur nous avons le même prénom. Pour moi ce n’est pas ma mère qui a choisi a priori mais la sage-femme qui l’a accouchée. Ma sœur a eu plus de chance que moi, elle au moins a été reconnue par son père. Elle est aussi née sous le nom de notre mère, mais son père l’a reconnue quelques jours après, elle s’appelait Marie-Joséphine Pailliette. Elle avait 10 ans de plus que moi.
– Je n’en savais rien. Désolé de vous avoir confondues. Vous l’avez connue ?
– Non elle est morte jeune à 23 ans en 1864. J’ai su qu’elle s’était mariée et qu’elle avait eu des enfants, deux filles et deux garçons. Je crois que seuls ses fils lui ont survécus. Et tu sais quoi ? Après son décès son mari est venu lui aussi s’installer à Reims. Étrange coïncidence tu ne trouves pas ?
– Vous vous êtes installée à Reims aussi ?
– Oui. Tu sais je m’en suis bien sortie. Je suis devenue cuisinière. Et puis j’ai rencontré Ferdinand, un beau gars des chemins de fer, nous nous sommes mariés et nous avons eu trois beaux enfants : Marie-Juliette qui m’a fait devenir grand-mère, mon pauvre petit Léon qui n’a pas vécu longtemps et ma petite Léonie.
– Ma fille s’appelle également Léonie
– Ca doit être un prénom de famille
-Et tu n’as jamais cherché tes parents ?
– Si c’est comme cela que j’ai appris que j’avais une sœur et un frère.
– Ah oui ?
– Attend je vais tout te raconter. Donc comme tu le sais, la femme qui m’a mise au monde s’appelait Constance Massioux et était couturière à Laon. Dix ans avant ma naissance elle a eu une première fille qu’elle a appelée Marie-Joséphine qui était donc ton aïeule.
– C’est donc cela! Et tu m’as parlé de frères aussi ?
– Oui. Ma mère a également eu deux fils avant moi. Victor est né en 1837, mais je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu et s’il est toujours vivant. Et deux ans avant moi en 1852, elle a eu un autre garçon mort né.
– Tu sais que Constance est décédée à Saint-Quentin en 1902, elle avait 86 ans.
– Oui je l’ai appris trop tard. J’aurais aimé la rencontrer j’avais tellement de questions à lui poser !
– Je m’en doute. Lesquelles par exemple ?
– Qui est mon père ? A-t-on tous les quatre le même ou non ? Pourquoi m’a-t-elle abandonnée moi ? Ce n’est pas de la jalousie j’essaye de comprendre.
– Je te comprends ce ne doit pas être évident
– Mais tu sais maintenant j’ai fait ma vie. Et j’ai ma petite-fille Pierrette dont je m’occupe.
– Je suis désolée de vous avoir dérangé.
– Oh non ne t’inquiète pas, cela me change du quotidien. Et c’est intéressant de savoir que quelqu’un s’intéresse à nous malgré que nous ne soyons plus là.
Bravo pour cette première participation au #RDVAncestral , c’est un billet très réussi.
Je vois que tu as, comme moi, fait une petite erreur qui te donne l’occasion d’une rencontre avec un non-ancêtre qui finalement est fort intéressant.