René, Julien Soif (sosa 64) est né à Chateaugiron le 7 janvier 1772. Il est a priori le 4è des 6 enfants de Jean Souef et Jeanne Deboise. Son père décède en 1782, Julien (c’est le prénom qu’il utilise le plus souvent) n’a que 10 ans. Deux ans plus tard sa mère se remarie avec Julien Allaire de 15 ans son cadet. Six mois après ce second mariage, elle accouche d’un enfant mort-né. Il en est de même six mois plus tard en février 1785. Enfin, elle accouche de nouveau le 6 mars 1786 d’un fils qui décèdera le 9 mars. Jeanne ne survivra pas à ces grossesses successives, elle décèdera le 25 mars 1786. Julien et ses frères et sœurs se retrouvent donc orphelins. Qui s’est occupé d’eux, je n’en sais rien.
Julien, soldat du 15è régiment de chasseurs
Il a 17 ans au moment de la Révolution, comment est-ce ressenti dans ce petit coin de Bretagne ? A 21 ans, Julien s’engage dans l’armée et entre au 15è régiment de chasseurs qui vient d’être créé nous sommes le 20 avril 1793. Est-ce un engagement volontaire ou fait-il parti des 300 000 hommes dont la Convention a décidé la levée de masse en février de la même année ? Il correspond en tout cas à la description, ces hommes devaient « être désignés ou enrôlés par le tirage au sort des hommes de tous les départements parmi les célibataires ou veufs de 18 à 25 ans ». Ce régiment est principalement constitué de bretons et de bourguignons. Quand il prend sa retraite il a participé à douze campagnes entre 1793 et 1808. Il est difficile de connaître tous les champs de bataille qu’il a foulé mais j’en connais trois car il y a été blessé.

La levée de masse de la convention a été la goutte d’eau qui fit éclater la guerre de Vendée. Le 15è régiment de chasseur y participe entre 1793 et 1796, plus particulièrement aux batailles de Montaigu (16 septembre 1793), de Pontorson (18 novembre 1793) et de Savenay (23 décembre 1793).
Le régiment est ensuite intégré à l’armée d’Italie de 1797 à 1801 puis à la campagne d’Italie de 1802 à 1806. C’est lors de la bataille de Vérone face à l’armée Habsbourg le 26 mars 1799 que Julien est blessé pour la première fois. Il reçoit un coup de sabre au pouce droit. Deux mois plus tard il est blessé lors de la campagne d’Egypte. Il reçoit trois coups de sabres le 16 mai 1799, probablement lors du siège de Saint-Jean-d’Acre.
Son régiment passe dans la Grande Armée en 1807 puis intègre l’armée d’Espagne entre 1808 et 1809. La dernière fois que Julien est blessé, c’est lors de la bataille de Guttstadt face à l’armée russe le 5 juin 1807.

Julien a donc survécu à 16 années de campagnes de guerre, au moins sept blessures et il n’a pas contracté la peste comme nombreux de ses congénères. Il rentre à Chateaugiron le 13 aout 1809, son engagement envers l’armée prend fin officiellement le 23 aout.
Un mariage napoléonien
Quelques mois après son retour, Julien épouse Cyprienne Martin, jeune fille de sa commune 16 ans plus jeune que lui. Est-ce un mariage d’amour ou un mariage arrangé suite au décret du 25 mars 1810 promulgué par l’Empereur Napoléon 1er . Au vu du Titre IV de ce décret je pense plutôt pour la seconde option.

Retranscription de l’acte de mariage
L’an mil huit cent dix le vingt neuf avril à midi par devant nous Julien, René Denis maire faisant les fonctions d’officier public de l’état civil de la commune de Chateaugiron, arrondissement de Rennes, département d’Ile et Vilaine.
Ont comparu le sieur René Julien Soif, originaire et domicilié de cette commune, y né le 7 janvier mil sept cent soixante douze, fils de feu Jean Soif et de Jeanne Debroise décédés en cette commune. Savoir le père le 1 novembre mil sept cent quatre vingt deux et la mère le vingt cinq mars mil sept cent quatre vingt six. Ci devant soldat au quinzième régiment de Sapeur à cheval rentré dans cette commune pour congé du treize aout mil huit cent neuf qui constate qu’il a fait seize années de service qui comptent pour dix sept campagnes. Jouissant en consequence d’une solde de retraite d’une part.
Et demoiselle Cyprienne Marie Martin originaire et domiciliée de cette commune y née le vingt huit décembre mil sept cent quatre vingt huit, fille de feu René Martin et de Marie Vigoureux. Cette dernière décédée le vingt huit janvier mil sept cent quatre vingt neuf et le père le douze avril mil huit cent neuf d’autre part.
Les deux nommés par procès verbal d’une commission composée de Messieurs Tual le Curé de Chateaugiron, Certinie curé de Veru, Degust Maire de Noyal sur Villaine et de nous soussigné maire de Chateaugiron, présidé par Me Menard juge de paix de ce canton en datte du treize de ce dit mois d’avril pour être mariès ensemble en vertu du décret de sa majesté l’empereur rendu à Compiègne le vingt cinq mars dernier et recevoir en consequence la dote de six cent francs qui y est exprimée laquelle nomination a été approuvée pour avoir son execution par Me Robinet conseiller de prefecture pour M. le Prefet absent par congès le quatorze du même mois ayant réçut par ailleurs son autorisation pour le renvoy de la cérémonie à ce jour.
D’après cet exposé les futurs en ayant requis de procéder à la célébration du mariage projetté entre eux, et dont les publications et affichage ayant été fait à l’heure de midi à la porte de cette maison commune les dimanche quinze et vingt deux de ce dit mois d’avril sans qu’il nous soit venu d’opposition à ce qu’il soit contracté et lecture ayant été donnée de toutes les pièces ci referencées et du code civil intitulé du mariage nous leur avons demandé s’ils voulaient se prendre pour mari et épouse. Nous ayant répondu séparément et affirmativement nous avons déclaré au nom de la loi que René Jullien Soif et Cyprienne Marie Martin ont comis mariage. Lequel acte nous avons rédigé en présence du sieur Martin serrurier âgé de quarante cinq ans, André Martin, tailleur quarante quatre ans les deux oncles de la contractante. Pierre Soif, marchand, trente quatre ans et Jean Cailland, marchand, quarante six ans les deux frère et beau-frère du contractant et tous domiciliés en cette même commune.
Le dit acte dont avons pris note en présence de M. Tuel curé de cette commune et chanoine honoraire de l’église de Semmes, Hauffray, vicaire, Malherbe Chapelain des deux ursulines établies en cette résidence, Degust, Maire de Noyal sur Villaine, Baratte Maire d’Aubin de Pavasols, Damonoir vérificateur dans l’enregistrement et faisant par intérim le bureau de cet arrondissement, Agacier de la Moreller, Moy Goulez chevalier de la Giromain, Baratte les tous membres du conseil municipal, Muard juge de paix, Goffey greffier de la justice de paix et Morate membre du conseil, Courtille membre de la légion d’honneur, Domaigné receveur des contributions directes, Rapatel receveur à cheval du droit pécunier, Bopardemployé dans les droits reunis, La Salle du centre Laufrey fauconnier des deux chirurgiens, Macé huissier cordelier et Mario Fila homme notable, Viauden officier de gendarmerie et Bardelot gendarme ont également assisté à la cérémoniesur le rapport de leur attachement au gouvernement que parce que les époux sont honorés par ler conduite que pour si l’eux pour donner un témoignage de l’interet qu’il a présenté au mariage et qu’il résulte la fête, ils se sont entendu entre eux pour un banquet à leurs frais qui va avoir lieu à la maison commune et auquel sont appamés les plus proches parents des conjoints.
Les époux et témoins et concitoyens denommés ont signé lecture faite.
La famille de Julien et Cyprienne
Le couple s’installe donc à Chateaugiron. Julien devient perruquier et Cyprienne épicière. Ils vivent au 32 Grand Rue au moins jusqu’au décès de Julien en 1846.

Ils auront a priori six enfants :
- Anna, Marie née le 27 mai 1811. Elle devient marchande. Elle épouse le 13 septembre 1835 Toussaint Fraleu, marchand également. Au décès de celui-ci en 1879, elle est toujours en vie.
- Pierre, Cyprien né le 18 novembre 1813. Il deviendra également marchand. Il épouse le 26 avril 1842 à Léhon Esther-Hélène Chauvel. La famille va bouger plusieurs fois, il décèdera à Nantes le 14 octobre 1863. Il est alors veuf depuis deux ans.
- Cyprienne, Marie, Perrine est née le 6 février 1816. Elle deviendra tailleuse (d’habit ?). Elle épouse le 10 juin 1838 François Fraleu le frère de son beau-frère Toussaint. Ce dernier est tisserand.
- Thomas né le 24 septembre 1817. Il deviendra menuisier. Ce dernier ne se mariera jamais. Il décède à Rennes le 11 décembre 1873 il était devenu journalier.
- Françoise, Perrine née le 2 janvier 1821. A sa naissance, son nom est Soif comme celui de son père plusieurs années auparavant. Elle épouse le 8 février 1849 François Lizé un tailleur. Elle est elle-même repasseuse.
- Anna, Cyprienne née le 25 juillet 1823. Elle deviendra couturière. Elle épouse le 22 aout 1852 François Poligné un tailleur. Elle décède à Rennes le 31 janvier 1895 elle est devenue journalière.
Pendant quelques temps ils ont logé deux rentières. L’une ayant pour nom de famille Martin, devait être de la famille de Cyprienne. Les deux sont présentes en 1841, en 1846 il n’en reste qu’une seule. Après le décès de Julien le 13 avril 1846, Cyprienne déménagera rue de la Saulnerie. C’est tout près de son ancien domicile. De plus en 1851 elle n’est pas seule. Vivent avec elle son fils Thomas, ses filles Anna et Françoise. Le mari de Françoise et leurs ouvriers. Les années suivantes, seul Thomas reste vivre avec Cyprienne. Elle décèdera le 12 avril 1869 sans s’être remariée.
Un travail minutieux avec des recherches titanesques ! Avec toutes ces sources je ne sais pas comment tu as fait pour ne pas faire un article 6 ou 8 fois plus long, j’en aurais été incapable… Bravo