Raoul est le fils de Louis Villain et Marie-Adèle Collery. Il passe son enfance à Reims, ville où il est né. Dernier né, il n’avait que deux ans quand sa mère fut internée. Toute sa vie il recherchera cet amour maternel qui lui a tant manqué, même si il semble être allé régulièrement lui rendre visite.

Raoul est un solitaire. Les relations avec son frère son exécrables. Son père ne pouvant divorcer, il prend des maîtresses. Raoul considère qu’elles prennent la place de sa mère et ne le supporte pas. Les troubles psychologiques familiaux, sa mère mais aussi sa grand-mère maternelle en sont victimes, semblent aussi l’affecter. Ainsi à l’âge de 13 ans, il reste alité deux mois. Il refuse de bouger ou manger. Finalement, il sort de sa torpeur sans réelle explication et poursuit ses études au collège des jésuites Saint-Joseph.
Une blessure à la jambe empêche Raoul de passer son bac. Son père s’inquiète pour ce fils qui ne semble pas avoir de but dans la vie. Finalement il décide de poursuivre des études agricoles et en octobre 1905, il est reçu trente-troisième de l’école d’agriculture de Rennes. Malheureusement, il est touché par la fièvre typhoïde et contraint de rentrer à Reims où il passe près de la mort.
Tout comme sa mère Raoul est un fervent catholique, quasiment un mystique. A cela s’ajoute un fervent patriote qui a grandi avec les récits que son père leur a fait du bombardement de Metz par les allemands qu’il a vécu en 1870 en tant qu’élève au collège de cette même ville.
Appelé au service militaire avec la classe de 1906, Raoul qui intègre le 94 régiment d’infanterie de Bar-le-Duc, s’imagine que la jeunesse française a les mêmes désirs que lui. Cependant son comportement lui vaut les moqueries de ses camarades de régiment de qui il devient la tête de turc. Il redevient mélancolique, à tel point qu’il est réformé et rentre à Reims fin 1906.
Fin 1907, Raoul réintègre l’école d’agriculture de Rennes. Sa scolarité se passe bien. Il sort diplômé deux ans plus tard avec le titre d’Ingénieur agricole. A 24 ans, Raoul rassure enfin son père. Raoul trouve un poste de régisseur dans une ferme Eccly à quelques kilomètres de Rethel. Hélas son comportement le fait renvoyer après six semaines, il ne retrouvera plus de poste.
Son père ne sachant que faire de ce fils, le fait entrer au tribunal d’Epernay en tant que suppléant greffier. Mais quatre jours suffisent pour savoir que ce n’est pas un métier pour Raoul.
Entre 1909 et 1911, Raoul naviguera entre Reims et Paris sans réel objectif. C’est à cette époque qu’il fréquent des partisans du mouvement Le Sillon. Il est attiré par le discours qui prône sacrifice et culte de l’idéal démocratique. Finalement, celui-ci ne correspond pas à son idéal religieux. Raoul se tourne alors vers son idéal patriotique et prend contact avec la ligue des jeunes amis de l’Alsace Lorraine dont il a découvert l’existence en 1911. Il se prend de passion pour leurs idées à tel point qu’il envisage d’assassiner l’Empereur Guillaume II.
Puis il s’installe à Paris pour passer son bac au collège Stanislas. Son père refusant de lui payer ses études, il y deviendra surveillant pour pouvoir tout de même suivre des cours. Cependant, mauvais surveillant il est renvoyé en juin 1912.
Raoul se prend de passion pour l’art et la Grèce. A tel point qu’il arrivera à économiser assez pour se payer un voyage. Il arrive à Athènes le 18 mars 1913 alors que le roi Georges 1e de Danemark vient d’être assassiné. L’atmosphère particulière qui règne à Athènes électrise Raoul. A son retour il parle de plus en plus de tuer. Surtout qu’il en veut maintenant à Jaures de refuser le service militaire de 3 ans. Celui-ci envisage donc de changer de cible. Il ne veut plus assassiner Guillaume II mais Jean Jaures.
Toujours passionné d’art il décide à la rentrée 1914 de s’inscrire à l’Ecole du Louvre. Mais tout au long de l’année son obsession pour Jaures augmente. Il ne supporte pas les pacifistes qui soutiennent le député. En juin 1914, il obtient son diplôme d’egyptologie, l’examinateur étant pressé de se débarrassé de lui.
Il envisage de repartir en Angleterre, mais doit repartir à Reims le 20 juillet 1914 ayant reçu de nouvelles alarmantes de la santé de sa grand-mère. Elle décèdera deux jours plus tard.
Le 29 juillet 1914, au cours d’un repas familial le ton monte. On parle de la déclaration de guerre. Raoul s’oppose à son père et son frère. Finalement sans prévenir il part et monte dans le train de 18 heures pour rentrer à Paris.
Pour Raoul il est grand temps de passer à l’action. Il passe d’abord chez le député, mais celui-ci n’est pas chez lui. Le lendemain, il espionne Jaures sortant de son bureau. Il le suit et le voit s’installer avec ses collaborateurs au Café du Croissant. Raoul est armé mais ce jour-là ne fera rien.
Le lendemain, le 31 juillet 1914. La scène se reproduit. Cette fois Raoul ne recule pas. Des coups de feux éclatent, puis des cris « Jaurès est tué, Jaurès est tué ».

Deux jours plus tard la première guerre mondiale éclate. Voici ce que l’armée indique pour la non mobilisation de Raoul.


Voici en effet un cousin tristement célèbre. Quel parcours 😕
Mon grand-père me disait souvent : « Villain était un vilain rémois ! « . Du coup je me suis souvenu de son nom.
Passionnants tous ces détails de son parcours !